Ahmosis
Ahmosis
Ahmosis, alias Ahmose, Ahmès, Iâhmes, Amosis Accession au trône autour de -1554-1547. |
La XVIIe et la XVIIIe dynastie sont dirigées
par la même lignée royale. Mais les anciens Egyptiens ont voulu
instaurer une nouvelle période historique pour célébrer la reconquête du
nord de l'Egypte, sous domination hyksôs, par les rois thébains. La
réunification met fin à la Deuxième Période Intermédiaire, et commence l'ère que les historiens appellent le Nouvel Empire.
Le fondateur du Nouvel
Empire
Pourtant, le pharaon Ahmosis, premier souverain de la XVIIIe dynastie, très probablement fils du roi Séqénenrê Tâa,
semble n'avoir chassé les Hyksôs qu'assez tard, peut-être vers l'an 18.
Les dernières opérations de la guerre sont relatées brièvement dans l'autobiographie que le soldat Ahmès, fils d'Abana, a fait graver sur les murs de son tombeau à Elkab (Urk. IV 3,2-5,2). Avaris, capitale des Hyksôs en Egypte, fut assiégée par les troupes d'Ahmosis, et l'assaut eut lieu par terre et par eau. Sharuhen,
en Palestine, dernier bastion de la puissance hyksôs, ne tomba qu'au
bout de trois ans de siège. Il conduisit alors une campagne militaire en
Nubie, alliée des Hyksôs, au sud de la 2e cataracte.
La civilisation indigène de Kerma s'affaiblit considérablement, une
partie du pays de Koush redevint une colonie égyptienne.
Désormais l'Egypte était
réunifiée et avait à peu près retrouvé ses frontières du Moyen Empire.
Comme l'écrit Ahmès fils d'Abana, «
Quand sa Majesté s'en
retourna vers l'aval, son coeur était en joie : par ses mérites et sa
force, elle avait conquis les pays du sud et du nord. »
Eléments d'un brassard au nom d'Ahmosis. Louvre. R. de Spens. |
Deux autres conflits sont
cependant encore mentionnés : la victoire contre une invasion venant du
Sud fomentée par un personnage nommé Aata, et l'écrasement de la
rebellion d'un certain Tétian, dont le nom est à consonnance égyptienne,
et peut laisser penser qu'il était apparenté à la famille royale.
Le pouvoir des femmes de la famille royale
Ahmosis est vraisemblablement monté sur le trône très jeune, avant 10 ans. Sa grand-mère et sa mère, les reines Téti-Shéri et Ahhotep I, semblent avoir exercé la régence. Sur sa grande stèle de Karnak à la gloire d'Amon (Urk. IV, 14-24), Ahmosis accomplit l'éloge de sa mère (Urk. IV, 21). Une autre stèle érigée à Abydos honore sa grand-mère.
Son épouse, la reine et divine adoratrice Ahmès-Néfertary, fait quant à elle l'objet des attentions de la Stèle de la donation,
qui détaille ses grandes prérogatives politiques et religieuses (fille
de roi, soeur du roi, grande épouse du roi, épouse divine, deuxième
prophète d'Amon...).
Autres événements
Oushebti en calcaire du roi, British Museum, EA 32191. |
Sous son règne, une tempête exceptionnelle dévaste la région thébaine et notamment la nécropole royale de Dra Aboul-Naga. Il se rend sur place pour superviser les réparations.
En l'an 22, il fait rouvrir les carrières de pierre de Toura, et construit notamment dans le temple de Ptah à Memphis, ou encore à Avaris (Tell el-Dabaa), où des fouilles ont mis au jour les ruines d'un de ses palais en 1999. D'autres monuments sont attestés à Abydos, Hermonthis et Bouhen.
Il aurait régné 25-26 ans selon Manéthon. Sa tombe n'a pas été retrouvée (un de ses oushebtis
a pourtant été acquis par le British Museum, voir ci-contre), mais sa
momie se trouvait dans la cachette de Deir el-Bahari découverte en 1881
par Gaston Maspero. Il avait au plus 40 ans au moment de sa mort.
Claude Vandersleyen a mis en évidence un changement
de graphie du signe de la lune dans le nom Ahmosis, qui peut servir de
critère de datation des monuments. Jusqu'à l'an 18 au moins, le signe
est tourné vers le haut, et à partir de l'an 22 au plus, il est tourné
vers le bas. La raison exacte de cette variation est inconnue, mais on
ne peut manquer d'y supposer une symbolique liée à la réunification de
l'Egypte.
On lui connaît deux fils : un certain Ahmosis, présenté comme l'aîné sur la Stèle de la donation, vraisemblablement mort avant son père, et Amenhotep I
qui lui succède, associé au trône du vivant de son père. Il aurait eu
également comme fille une Mérytamon, qui devient l'épouse d'Amenhotep I.
Titulature
Le nom Ahmosis signifie "Né de la lune".
La lune, personnalisée par le dieu Iâh (en général transcrit Ah dans les
patronymes), souvent associée à Thot,
se retrouve très fréquemment dans les noms de la famille royale de
cette dynastie, qui compte un grand nombre de princes reines et
princesses Ahmosis, de princes et de rois Thoutmosis, et quelques
Ahhotep. Il est également possible que Tâa ait en fait été lu Thot-âa.
Mais seul un autre roi, à la XXVIe dynastie, plusieurs siècles après, s'appellera aussi Ahmosis (Amasis).
Un passage de sa grande stèle de Karnak met en relief la symbolique lunaire de son nom : « Voyez, c'est un dieu sur la terre. Donnez lui des louanges comme à Rê, adorez-le comme la Lune ».
Son nom de couronnement est Nebpéhétyrê, "Le maître des Deux
Puissances de Rê". Les deux puissances sont Horus et Seth, dont
l'antagonisme est dépassé pour réunir leurs forces au service de Rê et
de l'Egypte. Ramsès Ier en reprendra la variante Menpéhétyrê "Stables sont les Deux Puissances de Rê".
Son nom d'Horus est d'abord âa-kheperou, "Vénérable de devenirs",
puis il se transforme en ka-em-Ouaset "Le taureau de Thèbes", peut-être
à la suite de l'unification.
Il est le Nebty Tout-mésout, "Complet de naissance". Ce concept
difficile à traduire fait probablement allusion aux cycles de la lune
(et à la pleine lune), associés à l'idée de renaissance.
Son nom d'Horus d'or explicite son ambition de réunir l'Egypte : tjes-taouy, "qui relie les Deux Terres".
Généralités :
Claude Vandersleyen, Lexikon
der Ägyptologie I, 99-101.
Claude Vandersleyen, Les guerres d'Ahmosis, Bruxelles 1971.
Claude Vandersleyen, L'Egypte et la Vallée du Nil, tome 2, Paris 1995, p. 213-237.
Betsy M. Bryan, "18th Dynasty Before the Amarna Period", in Ian Shaw (ed), The Oxford History of Ancient Egypt, p. 218-223, Oxford 2000, 2002.
Nicolas Grimal, Histoire de l'Egypte ancienne, Paris 1988, p. 254-264.
Hans Goedicke, Studies about Ahmose and Kamose, Baltimore 1995.
S. P. Harvey, The cults of king Ahmose at Abydos, Ann Harbor 1998.
Pascal Vernus, Jean Yoyotte, Les Pharaons, Paris 1988, p. 22-23.
Thierry Stasser, « La famille d'Ahmosis », CdE 77, 2002, p. 23-46.
Marianne Eaton-Krauss, "Four notes on the early Eighteen Dynasty", JEA 84, 1998, p. 205-207. Stèle d'Abydos en l'honneur de Téti-Shéri :
E. Ayrton, C. Currelly, A. Weigall, Abydos III (EEF 25), London 1904, pl. 50 (1 et 2) et pl. 52.
Urk. IV, 26-29.
Peter Beylage, Aufbau der königlichen Stelentexte vom Beginn der 18. Dynastie bis zur Amarnazeit, 1 (ÄAT 54), Wiesbaden 2002, p. 1-9 (translittération et traduction).
Claire Lalouette, Thèbes ou la naissance d'un empire, Paris 1995, p. 137-138.
Claude Vandersleyen,Iahmès Sapaïr, fils de Séqénenré Djéhouty-Aa (17e dynastie) et la statue du Musée du Louvre E 15682, Bruxelles 2005.
Stèle de la donation :
Etienne Drioton, « Un document sur la vie chère à Thèbes au début de la XVIIIe dynastie », BSFE 12, 1953, p. 11-25.
Ibrahim Harari, « Nature de la stèle de donation de fonction du roi Ahmosis à la reine Ahmès-Nefertari », ASAE 56, 1959, p. 139-201 et pl. I-II (fac-simile).
Bernadette Menu, « Transferts par imyt-per : quelques remarques à propos de l'étude comparée de la stèle juridique de Karnak et de la stèle d'Ahmès-Nefertari », in Recherches sur l'histoire juridique, économique et sociale de l'ancienne Egypte, Versailles 1982, p. 200-215 (= RdE 23, 1971, p. 155-163).
Michel Gitton, « La résiliation d'une fonction religieuse : nouvelle interprétation de la stèle de donation d'Ahmès Nefertary », BIFAO 76, 1976, p. 65-89.
Bernadette Menu, « La "stèle" d'Ahmès Nefertary dans son contexte juridique et historique », BIFAO 77, 1977, p. 89-100.
Inscription de la tempête :
Claude Vandersleyen, « Une tempête sous le règne d'Ahmosis », RdE 19, 1967, 123-159 et pl. 8-10.
Claude Vandersleyen, « Deux nouveaux fragments de la stèle d'Ahmosis relatant une tempête », RdE 20, 1968, 127-134.
Claude Vandersleyen, Les guerres d'Ahmosis, Bruxelles 1971.
Claude Vandersleyen, L'Egypte et la Vallée du Nil, tome 2, Paris 1995, p. 213-237.
Betsy M. Bryan, "18th Dynasty Before the Amarna Period", in Ian Shaw (ed), The Oxford History of Ancient Egypt, p. 218-223, Oxford 2000, 2002.
Nicolas Grimal, Histoire de l'Egypte ancienne, Paris 1988, p. 254-264.
Hans Goedicke, Studies about Ahmose and Kamose, Baltimore 1995.
S. P. Harvey, The cults of king Ahmose at Abydos, Ann Harbor 1998.
Pascal Vernus, Jean Yoyotte, Les Pharaons, Paris 1988, p. 22-23.
Thierry Stasser, « La famille d'Ahmosis », CdE 77, 2002, p. 23-46.
Marianne Eaton-Krauss, "Four notes on the early Eighteen Dynasty", JEA 84, 1998, p. 205-207. Stèle d'Abydos en l'honneur de Téti-Shéri :
E. Ayrton, C. Currelly, A. Weigall, Abydos III (EEF 25), London 1904, pl. 50 (1 et 2) et pl. 52.
Urk. IV, 26-29.
Peter Beylage, Aufbau der königlichen Stelentexte vom Beginn der 18. Dynastie bis zur Amarnazeit, 1 (ÄAT 54), Wiesbaden 2002, p. 1-9 (translittération et traduction).
Claire Lalouette, Thèbes ou la naissance d'un empire, Paris 1995, p. 137-138.
Claude Vandersleyen,Iahmès Sapaïr, fils de Séqénenré Djéhouty-Aa (17e dynastie) et la statue du Musée du Louvre E 15682, Bruxelles 2005.
Stèle de la donation :
Etienne Drioton, « Un document sur la vie chère à Thèbes au début de la XVIIIe dynastie », BSFE 12, 1953, p. 11-25.
Ibrahim Harari, « Nature de la stèle de donation de fonction du roi Ahmosis à la reine Ahmès-Nefertari », ASAE 56, 1959, p. 139-201 et pl. I-II (fac-simile).
Bernadette Menu, « Transferts par imyt-per : quelques remarques à propos de l'étude comparée de la stèle juridique de Karnak et de la stèle d'Ahmès-Nefertari », in Recherches sur l'histoire juridique, économique et sociale de l'ancienne Egypte, Versailles 1982, p. 200-215 (= RdE 23, 1971, p. 155-163).
Michel Gitton, « La résiliation d'une fonction religieuse : nouvelle interprétation de la stèle de donation d'Ahmès Nefertary », BIFAO 76, 1976, p. 65-89.
Bernadette Menu, « La "stèle" d'Ahmès Nefertary dans son contexte juridique et historique », BIFAO 77, 1977, p. 89-100.
Inscription de la tempête :
Claude Vandersleyen, « Une tempête sous le règne d'Ahmosis », RdE 19, 1967, 123-159 et pl. 8-10.
Claude Vandersleyen, « Deux nouveaux fragments de la stèle d'Ahmosis relatant une tempête », RdE 20, 1968, 127-134.
Images
Ahmès, fils du roi Tâa et de la princesse Ahhotep. Il s'agit probablement du frère aîné d'Ahmosis, peut-être celui auquel la tradition a rendu un culte sous le nom d'Ahmès-Sapair. Louvre E 15682. R. de Spens. | Momie du roi Ahmosis. Smith, Royal Mummies. | Sarcophage du roi, trouvé dans la cache DB320, Musée du Caire. |
Hache cérémonielle d'Ahmosis trouvée parmi le mobilier funéraire de la reine Ahhotep. Musée du Caire. CG 52645. | ||
Poignard d'Ahmosis, Musée du Caire. | Stèle d'Abydos, Musée du Caire. |
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